Dans son édition papier du 24 juin le Journal Ouest France revient sur l’état des lieux des alliances au second tour des municipales à Rennes. Il y oppose deux camps : la gauche unie qui a fusionné composée du PS et de EELV, alors qu’ « à droite en revanche, les deux listes ne sont pas parvenues à un accord ».

Nous respectons la ligne éditoriale du journal Ouest France, ainsi que la liberté d’expression de son journaliste. Mais il nous semble utile d’expliquer aux Rennaises et aux Rennais pourquoi il ne faut pas se laisser enfermer dans cet état des lieux réducteur.

La liste Révéler est composée de femmes et d’hommes d’origines et de sensibilités plurielles. Certains ont effectivement une sensibilité de droite, mais de nombreux colistiers ainsi que des membres du collectif assument leur sensibilité de gauche.

Nous sommes en effet nombreux à avoir voté pour François Hollande en 2012, ou encore Nathalie Appéré en 2014. Mais comme de nombreux français nous avons été déçus par le projet de société du Parti Socialiste. Au plan local par exemple, nous ne nous reconnaissons plus dans l’entre soi, l’absence de concertation ou du dogmatisme de certaines propositions ou de l’absence de propositions. Nathalie Appéré et ses plus proches se présentent pour la quatrième fois aux municipales. Héritiers, ils capitalisent sur une étiquette, mais leurs pratiques n’en font pas les parangons d’une social-démocratie, d’un progressisme, d’une culture démocratique qui nous est chère. Mais n’étant pas ou plus membre du PS peut-on nous qualifier « de droite » ?

Ce n’est pas seulement en se disant de gauche que nous le devenons réellement.  Ce n’est pas non plus en estimant qu’un adversaire ne l’est pas qu’il est forcément de droite. Nous laissons ces approximations aux héritiers du PS qui pensent encore avoir le monopole de la gauche.

Être de gauche aujourd’hui, c’est promouvoir la justice sociale, c’est à dire de permettre à chacun de trouver sa place dans la société par l’émancipation individuelle et la solidarité collective. Nous croyons ainsi à des valeurs de progrès au sein de la société afin d’améliorer les réalités du quotidien, nous ne croyons pas à une gauche utopique qui s’idéalise derrière des concepts et des mots creux en rêvant d’un avenir enfermé dans le passé. Nous ne croyons pas non plus que des progressistes puissent s’allier avec des personnes qui estiment que l’État organise des rafles dans un cadre xénophobe. Penser l’action politique par un prisme communautariste en validant l’idée de personnes « racisées » est en effet une atteinte au fondement même de notre pacte républicain.

 

Historiquement l’égalité et la solidarité sont évidemment des valeurs de gauche mais elles ne peuvent désormais plus se suffire à elles-mêmes. La gauche s’est en effet construite par opposition à ce qu’elle n’était pas, « la droite » et ses valeurs supposées telles que la liberté, le méritocratie, ou encore l’ordre. Mais la gauche s’est ainsi égarée en oubliant ce qu’elle devait faire pour redevenir efficace et ce faisant elle a délaissé des quartiers entiers et leurs habitants.

Cette gauche qui exclut ne peut ainsi reconnaître que des mesures puissent être utiles si elles sont proposées par des opposants, y compris de droite. Elle va même jusqu’à considérer que son action n’est pas légitime dans des thématiques qui sont considérées comme étant de droite.

C’est par exemple le cas des quartiers populaires dans lesquels la municipalité se désengage sans assurer un niveau de sécurité et de propreté satisfaisant. C’est également le cas des commerçants qui sont déconsidérés et dont la parole n’est pas prise en compte.

 

Mais au nom de quoi la gauche ne pourrait-elle parler de sécurité ? Au nom de quoi la gauche ne pourrait-elle parler de la valeur travail ? Ce manque d’esprit constructif nuit à l’efficacité municipale or nous refusons ce dogmatisme qui est un obstacle à une qualité de vie exigeante et au vivre ensemble. Et les premières victimes de ce dogmatisme sont justement les populations fragiles qui normalement auraient dû être défendues par la gauche.

C’est pourquoi nous souhaitons réinventer un progressisme municipal qui n’ait pas peur de parler de solidarité, de transition écologique, de sécurité ou encore de commerce.  En 1977, à Nantes, en Bretagne, Michel Rocard définissait ainsi une « deuxième gauche qui exprime une sensibilité girondine, « régionaliste » et « autogestionnaire », par opposition à la Première gauche « jacobine » et « étatiste ». Assurément, nous sommes de cette deuxième gauche pour bon nombre de colistiers qui n’ont aucun mal à être plus régionalistes, plus girondins, plus attachés à la vie associative et au syndicalisme que la maire sortante.

 

Électeurs de gauche, nous nous reconnaissons ainsi pleinement dans le projet ambitieux et réaliste du collectif Révéler Rennes porté par Carole GANDON qui est la seule personnalité politique rennaise à pouvoir dépasser les clivages pour sortir du dogmatisme municipal, qu’il soit de gauche ou de droite.

Par Aurélien Cara, Olivier Dulucq,

et de nombreuses et nombreux candidat.e.s ou militant.e.s de Révéler Rennes