Intervention introductive de Carole Gandon lors du Conseil municipal du vendredi 10 juillet

10 juillet 2020 Intervention

Madame la Maire, chers collègues de la majorité plurielle et des oppositions,

Mon intervention ce jour portera sur la démocratie.

Lors du Conseil municipal d’installation de la semaine dernière, j’évoquais l’absolue nécessité de réinventer l’action politique locale pour revitaliser la démocratie et réconcilier les citoyens avec le débat politique.

La progression spectaculaire de l’abstention, la triste multiplication des manifestations violentes et les attaques répétées contre les représentants de nos institutions et nos élus, comme l’agression survenue ce matin au Conseil Régional, soulignent l’ampleur du malaise démocratique à l’oeuvre dans notre pays et dans notre ville. Permettez-moi d’ailleurs, d’exprimer notre soutien et notre solidarité aux élus régionaux qui en ont été victimes.

Madame Appéré, vous avez été élue la semaine dernière maire de Rennes et hier Présidente de Rennes métropole.

Vous étiez la seule et unique candidate à cette présidence, puisque aucun autre conseiller métropolitain ne s’est porté candidat contre vous. Cette configuration vous donne une grande légitimité à agir, mais aussi une grande responsabilité.

Or, nous sommes inquiets des signaux que vous envoyez dans la composition de ces deux exécutifs.

Vous avez décidé d’augmenter le nombre d’adjoints à la ville de Rennes et de confier l’intégralité des Vice-Présidences de la métropole à des membres de votre majorité, là où Emmanuel Couet en avait attribué 3 à des élus d’opposition.

Les cumuls se sont amplifiés entre Ville, Métropole et Conseil Départemental ou Régional.

Nous nous alertons du fait que l’engagement comme élu local, supposément bénévole, devienne un métier pour nombre d’élus rennais. Certains attaquent leur deuxième mandat, d’autres en sont déjà à trois, voire à quatre et même l’un d’entre nous entame son cinquième mandat à la tête d’un groupe politique  composé de deux personnes.

Nous nous alertons du fait que face à la désaffection des urnes, vous semblez continuer comme avant. Malgré le message fort envoyé par près de 7 électeur sur 10, et en contradiction avec les discours de campagne et les interviews nationales où vous ne cessez de vanter transition et renouveau démocratique, les pratiques locales et intercommunales organisent tout pour faire perdurer le système, quoi qu’il en coûte…

Nous aborderons ces sujets à l’occasion de certaines des délibérations qui seront votées tout à l’heure.

La transparence, l’exemplarité, la sobriété, l’efficacité et la disponibilité des élus sont indispensables à la reconstruction du lien de confiance entre les citoyens et les responsables publics. De même que le dialogue. Nous serons toujours là pour le rappeler.

Pendant la campagne, nous avons trop souvent entendu les Rennais dire « nous sommes mis devant le fait accompli » :

  • des riverains, inquiétés par un projet de construction,
  • des commerçants, exaspérés par la mise en place brutale de nouvelles règles de circulation
  • des représentants syndicaux, à qui l’on impose sans dialogue une nouvelle organisation de travail
  • mais aussi des parents d’élèves, des acteurs culturels, des policiers municipaux, des sportifs…

A Rennes, trop de décisions se prennent à la va-vite et hors de la vue du Conseil municipal : rue interdite aux voiture, Palais du Commerce. Les conseillers municipaux apprennent dans la presse, ce qui a été décidé par une poignée d’élus dans un bureau aux portes fermées.

L’opposition se résume souvent au ministère de la parole. Vous gérez et vous rendez compte devant un conseil acquis.

Avec les membres du groupe Révéler Rennes, nous serons là pour être vigilants, pour nous faire l’écho d’interpellations venant de citoyens, de responsables associatifs qui ne comprennent pas ou qui contestent telle ou telle décision, prise ou à venir. Nous serons toujours disponibles pour entendre ces Rennais sans parole.

Ainsi, l’aménagement du parc de la Prévalaye et le sort du centre d’entraînement de la Piverdière mériterait des débats, des éclaircissements. La décision de transférer ainsi 8 hectares supplémentaires sans débat, sans concertation, au Stade Rennais, est-elle en cohérence avec vos positions affichées sur l’artificialisation des sols, la biodiversité et la concertation. Sauf à penser que ces belles paroles, roses comme vertes, ne valaient que le temps d’une campagne ?

Espérons que sur l’urbanisation, la concertation voit enfin le jour à Rennes. On peut toujours l’espérer à l’heure d’une ville à hauteur d’enfant… Dans tous les cas, nous d’autant plus vigilants que tous les candidats aux municipales sauf vous, appelaient en ce début d’année à une pause et à une meilleure répartition sur la métropole de l’effort de construction.

Tout au long du mandat qui s’ouvre, notre principale qualité, ou défaut, sera d’avoir de la mémoire et de mesurer en quoi ce ticket gagnant que vous avez composé avec Mathieu Theurier ne sera pas un leurre de plus, pour continuer, encore et toujours, à décider seule, sans ni écouter réellement, ni entendre.

 

Voilà notre feuille de route : une vigilance absolue sur les questions démocratiques et d’efficacité des élus, surtout vis-à-vis de ceux en position de cumul chronique, une attention particulière sur le respect de l’écoute et du dialogue sur les questions d’urbanisme, de sécurité, mais aussi d’économie et d’emplois. Et une disponibilité totale pour se faire l’écho des questions, propositions ou contestations des Rennaises et Rennais.

Seul le prononcé fait foi.

Crédit photo : Thomas Brégardis / Ouest-France